Bonjour tout le monde !
Bienvenue dans le dossier des « Figures de Cassis »

Mais une figure c’est quoi, c’est qui ?
Quand on connaît mon empathie pour les vieilles choses, les témoignages de nos vieux, les histoires anciennes et surtout ces acteurs de ce microcosme cassiden que je nommerais des figures… Ceux qui auront survécu à jamais, à travers leurs gueules, leurs expressions, leurs allures ou leur métier. En fait, à l’époque dégun peut y échapper, le simple fait d’appartenir à la famille des cassidens faisait de chacun une figure potentielle du village, tout et autant qu’il soit socialement intégré au monde cassiden… que j’essayerais depuis plus de vingt-cinq ans, avec plus ou moins d’assiduité, à figer en images dans cet album des figures du vieux Cassis, sur ce site du Gabian Déchaîné.
Alors bien sûr, il y en a qui seront des figures aux yeux d’un plus grand nombre que d’autres, ce qui donnera un accent plus particulier au mot figure, enfin chez nous dans le Midi.
Disons qu’une figure, surtout dans le Cassis ancien de ma jeunesse, c’est avant tout un personnage considéré par son charisme, un aspect physique, vestimentaire, ou une attitude singulière… une manière d’être, ou une apparence insolite… Pas forcément une personne importante ni d’un rang social particulier, non, mais une personnalité atypique, mémorisée et marquée par le portrait qu’on aura fait de lui.
Si bien qu’ils peuvent avoir fait bonne figure, tomber la figure ou ne plus avoir de figure, c’est selon… les figures resteront dans nos mémoires par ce qui les aura symbolisées, parfois même avec un surnom si rapprochant, ancrée dans nos souvenirs et à jamais dans une image qui se substitue à la réelle, brouillée par l’idée qu’on se faisait d’elle, de lui.
Il est même reconnu qu’on pouvait occasionnellement oublier le vrai patronyme de certains. Nos anciens étant experts dans l’art de vous tailler un costume sur mesure, souvent dès la plus tendre enfance… Mais attention, ce surnom était une marque d’affection plus que de moquerie, dit sans malice, avec humour, chaleur et tendresse, sans attirer de remarques désobligeantes. Chacun l’acceptait et il vous caractérisait ainsi, pour le reste de votre vie.
Des surnoms comme Brioche, Le Gointre, Œil de lynx, Pite-Pite, 30 Brasses, le Breton, tête de pomme, le Goy, Pacho, le Blond, le Siffleur ou Cerise…
Dans le même esprit, quand ils parlaient d’un lieu, c’était le quartier des Italiens, celui des pêcheurs, celui des paysans, la montée vers la fabrique d’espadrilles, puis, par derrière le château ou le quartier du plan de la gare, ou encore la station d’autobus ou la Grand rue (grand sans e) sans jamais la nommer la rue Victor Hugo.
Quand ils s’exprimaient pour dire d’aller dans tel ou tel endroit, ils disaient souvent aller vers chez… en ajoutant le nom d’une personne y habitant. La rue de Colombani, c’était celle de la menuiserie, la rue de Ange, le matelassier, chez Blanc ou chez Malet les boulangers, la rue de Mistre ou celle de Liautaud, les bouchers ou du côté de chez Vidal, le notaire. Derrière chez Pascalini, ou on allait chez Monetti ou Fifi les épiciers. On disait aller chez Chabert pour le charbon, ou chez Frosini à la glacière pour y remplir ses bouteilles de vin à la tirette.
On allait aussi chez TonTon ou chez Yette pour dire qu’on allait au bar de la marine, et dans la rue de Vietti, le plombier, qui monte derrière l’église. On disait qu’on va chez Manou pour acheter des cacahuètes grillées et par la suite des glaces…
Si bien que les habitants du village, dont certains ne savaient pas trop lire ou très peu, pour avoir pris la direction de la mer ou des champs, trop jeunes pour avoir usé ses fonds de culotte sur les bancs de l’école… hé bien, ils ne connaissaient pas le nom des rues de Cassis.
D’ailleurs, c’était inutile de leur demander votre chemin en leur précisant le nom d’une rue, ils vous répondaient : J’sais pas moi ! C’est la rue de qui ?
Il n’était alors pas rare d’entendre avec l’accent, deux pêcheurs s’interpellant d’un bout à l’autre du port en disant :
— Oh! CASTAGNIER, qué dit ?!
— Té vé ! LA MARMITE ! … Je cherche CERISE tu l’aurais pas croisé ?
— Oh là là, y a plus d’une heure qu’il est entré chez Yette à la Marine avé PITE PITE et Oeil de Lynx !
— Ho fan, qué misère ! Ca va sentir l’anis, que je te dis que ça !
— Pense-toi ! … Mais si tu les cherches pour t’aider à caller tes filets, Méfi ! Ca va broumèger !
— Ho coquin ! Vont encore me faire les arapèdes au fond du bateau !
— Hé vouais ! Allez zou LA MARMITE !
— Allez tchào ! CASTAGNIER !
J’ai le souvenir d’un guindé du cercle nautique, qui trouvait ça grotesque et naïf, les comparant à des innocents ou pire, à des sauvages demeurés.
En fait, c’est lui qui me faisait peine, surtout si à cette époque, on comparait la sereine liberté des indiens du village, de longue simplement vêtus de leurs habits de travail, à l’allure des nantis marseillais qui seront les premiers estrangers à coloniser le village en y construisant leurs résidences secondaires… allant jusqu’à changer le nom des cassidens, en cassidains !
Enfin bref, des gens certainement plus instruits, matures et mesurés dans leur façon de se mouvoir ou de s’exprimer, en essayant de gommer leur accent de jeunesse, tels des santons coincés dans une supériorité généticogéographique, habitant eusses, la capitale du sud !
Y’ a pas photo ! … Je n’ai aucun doute sur le plus comique !
Quelques surnoms des pêcheurs :
GALLANO JOSEPH dit BALETIER GALLO SAUVEUR dit BRIOCHE GALLO ANTOINE dit NOUNOUCHE GALLO LUC dit JAPON GUIDO PAUL dit BOMBETTI JASOLINO JOSEPH dit MACETTE JAYNE MARIUS dit LE BRETON JAYNE ALEXANDRE dit LE RALEUR JAYNE PIERRE dit PIOU LECCESE MICHEL dit BOUILLAU LECCESE MARTIN dit LE PAUVRE LECCESE HENRI dit LE GOINTRE LECCESE MARIUS dit CALENDAL MOUTON LOULOU dit MOUTONNER MOUTON HIPOLYTE dit ZITRONNE MOUTON HENRI dit LE BLOND PARLATO raymond dit MOMOND PASTORINO EMILE dit PINOT PASTORINO ALEXIS dit GOUKOF PASTORINO AUGUSTE dit CABASSON REVEST VICTORIN dit LA GRAYME REVEST GABRIEL dit LA CAGE REVEST FERNAND dit LE GAULOIS RISPOLI Lucas dit MOUSTACHE RISPOLI dit SIKY RISPOLI EMILE dit EMILE DES PIADES STABILE JULES dit GARI STABILE ALFRED dit LA DOULEUR | BALSANO dit PEPINE BANCHETTI PIERRE dit LE SIFFLEUR BANCHETTI PIERRE dit DE LA GRUE BANCHETTI MAURICE dit LE FRISE BANCHETTI DAVIDE dit PISSE AU LIT BANCHETTI JEAN dit LE GAULOIS BOYER DESIRE dit BOITE BOYER GEORGES dit LA MARMITE CANDIDO louis dit RADIS CANDIDO jules dit LOU GRAVAT CANDIDO JEAN dit PITE PITE CASTAN MARIUS dit CASTAGNIER CASTOYANIS JEAN dit LE GREGUOU CINQUE LUC dit PACHO CINQUE FERDINAND dit L’ANGLAIS CINQUE JEAN dit TESTE BLANQUE (frére de PACHO) CINQUE PAUL dit TAGORE CINQUE LAURENT dit SOUPE CINQUE JEAN dit le goy (famille marius CINQUE) CIRILLO VINCENT dit L ENFANT DE PARIS COCCORULO paul dit YELLE COCCORULO SAUVEUR dit PINTADON COCCORULO PÈRE dit ANTO DANIESI PAUL dit 30 BRASSES DAVID marcel dit BOITE A LETTRES FAUTRIER GUSTAVE dit CERISE FAUTRIER CLAUDE dit TETE DE POMME |