Calanque de Port-Miou
Ou plutôt : Le ravage de la calanque de Port-Miou

– Port-Miou L’humanité peut être reconnaissante au grand industriel belge Ernest SOLVAY (1838-1922 ) pour son action bienfaisante pour la science. Le choix de Port-Miou pour l’extraction du calcaire destiné à son usine de Salin-de-Giraud, installée sur la rive droite du Rhône, productrice de soude suivant le procédé Solvay, s’avéra désastreuse pour le site de cette merveilleuse calanque, la plus belle de la côte. La carrière SOLVAY a été crée en 1907 L’exploitation de la calanque de Port-miou fut combattue par une manifestation qui le 13 mars 1910 réunissait au moins 3000 personnes sur le lieu sinistré.

1910 env. – Manifestation contre la carrière de Port-Miou.
(Photo : la colonne imposante des protestataires en route pour port-miou) (Photo : « Massilla », plaque lumière) (Document source M. CRESP d’Alargo Mazargues envoyée par Pierre Siepen)

Le poète de La Ruche de l’Ame (Brusc de l’Amo) disait: Port Miéu, oh, ma belle calanque – Port Mou, oh, ma belle calanque Dou pounènt fan pieta tei bord – Du côté du couchant tes bords font pitié, Lei veiras plus, les vèlo blanco – Tu ne les verras plus, les voiles blanches Que veie, meina dins toun port – Qui venaient s’abriter dans ton port En 1912, la rive du levant était saccagée à son tour et le même PFLUGER renouvelait sa plainte – Lou jour, l’infèr poudrejo e bramo : Le jour, l’enfer beugle et les mines éclatent – La niue, l’oundo souspiro et clamo La : nuit, l’onde soupire et clame – Pauro calanco de Port Miéou ! : Pauvre calanque de Port Miou ! Ce choix fut facilement accepté à une époque où l’on se préoccupait assez peu de la beauté de pareils sites isolés et où les ressources diverses de la nature apparaissait inépuisables. Il se justifiait économiquement par le bas prix de revient d’un calcaire très pur des hautes parois rocheuses, concassé ensuite, puis embarqué sur des eaux toujours calmes et acheminé à l’usine distante d’une centaine de kilomètres par la voie maritime, mode de transport le plus économique. Au début, une centaine d’ouvriers furent employés, mais grâce à une automatisation de plus en plus poussée, la production annuelle qui a passé peu à peu de 80 000 à 100 000 tonnes fut ensuite assurée par une douzaine de travailleurs. Durant ces trois quarts de siècle, plusieurs millions de tonnes de roches – de six à sept millions – furent enlevées des flans de l’admirable calanque. – Le massif des calanques a été classé en 1975 – La carrière SOLVAY a été définitivement arrêtée fin 1982 grâce à l’action tenace et efficace de la municipalité Rastoin. – L’exploitation de cette carrière a laissé malheureusement une terrible cicatrice le long de la plus longue calanque du massif.
Andre Jayne
Port Miou, c’était la plus belle des Calanques !
Et non, vous n’avez pas encore tout vu, bientôt c’est en parlant du passé que nous ferons prendre conscience aux gens de Cassis qu’il y avait un avenir ici ! Même s’il me faut pour cela appuyer su un accent que je n’ai retrouvé que depuis peu, le canard trop humide d’avoir traversé les cottages normands, va se transformer en gabian pour vous faire chanter les lettres d’histoires de nos steppes calanquoises ! Port Miou ! « port meilleur » C’est un nom qui voulait être une invite aux marins qui venaient y mouiller sans craindre les tempêtes d’Est ou de Mistral, dans cette calanque aussi profonde qu’un fiord. Jadis, elle était la plus belle des Calanques, avant que la carrière à Solvay ne l’ampute d’une grande partie de son flan. Plus jeune, avec mon ami Daniel nous habitions tout près, et nous allions y passer une grande partie de la journée, c’était notre terrain de jeu. L’eau était froide à cause des sources mais aussi claire qu’un lac de montagne. Notre youyou de bois, que nous avions trouvé sur la plage, certainement abandonné par un navigateur pressé, nécessitait qu’un de nous écope pendant que l’autre godille en direction de la passe, pour y voir de prêt les voiliers tirant sur leurs amarres, semblant vouloir dire, qu’ils étaient depuis trop longtemps privés de grand large. A cette époque, la majorité les bateaux étaient ceux d’aventuriers (enfin, il nous plaisait de le croire même s’il n’y en avait que quelques-uns) tant ils nous attiraient dans des rêves de voyages où il n’était pas question de chercher fortune, mais de pouvoir revenir en disant, nous l’avons fait. Plus tard, mes rêves devanceront l’esprit cartésien du petit cassiden que j’étais, pour aller visiter ces pays imaginaires et m’apercevoir que le plus beau d’entre tous, c’était ici. A présent la situation de Port Miou est jouée ! Entre le grand nombre de bateaux dans une calanque fermée, l’incivisme de certains propriétaires et le manège des promènes-couillons qui nous privent d’un mouillage tranquille… pas la peine d’y aller pour se baigner ou y faire une bonne pêche, comme à l’époque où il nous suffisait d’une palangrotte et d’un poil de patience, pour y prendre un beau poisson. C’est une réalité, malheureusement affligeante, qui ne m’empêchera pas de l’imaginer encore aujourd’hui, aussi belle que dans le passé.
Truchon